Maîtriser les dangers des écrans
Nous avons eu le plaisir de rencontrer
Janine Busson-Baude, ancienne institutrice, fondatrice de l’association
« Enfance, Télé : Danger ? »
et également à l’origine
de la signalétique à la télévision
Quelle est la mission de l'association « Enfance, télé : danger ? »
L’association « Enfance, télé : danger ? » a pour objectif principal de promouvoir et faire appliquer les Droits de l’enfant.
Aux côtés de nombreux bénévoles, dont beaucoup d’enseignants, je me suis engagée pour combattre les violences à la télévision et dans les jeux vidéo, notamment en réussissant à obtenir la mise en place en 1996 d’une signalétique que nous savons fait évoluer.
En 2022, chiffrée et plus compréhensible, elle avertit les parents et les enfants sur ces violences qui ont envahi nos écrans.
L’association veut également sensibiliser l’ensemble de la population aux dangers potentiels de la télévision et maintenant de l’ensemble des écrans chez les enfants.
Sa mission consiste à informer et éduquer les enfants, les parents et la société en général sur les impacts négatifs que peut avoir une consommation inappropriée de contenus télévisuels sur le développement des enfants.
Les écrans existent, il faut faire avec, mais aussi réussir à se protéger du pire !
Quels sont les principales conséquences de l'exposition excessive aux écrans?
Les risques majeurs sont l’exposition précoce, la surconsommation et les contenus dangereux, violents, voire pornographiques.
L’exposition excessive aux écrans peut entraîner plusieurs conséquences pour les enfants : sur la santé, sur les comportements et sur le développement cognitif.
Sur la santé, les recherches ont constaté une augmentation de la myopie chez les jeunes, des troubles du sommeil, des risques d’obésité avec le manque d’activités physiques, des risques de diabète et d’AVC précoces provoqués par la sédentarité.
Au niveau des comportements, beaucoup d’enfants sont super actifs, agressifs, n’ont plus de patience, ont perdu le sens de l’effort.
Enfin, concernant le développement cognitif, il y a une incidence sur la mémorisation, sur les relations, les échanges avec les personnes, le partage, le déficit de langage…
Comment sensibiliser les parents et les adultes aux dangers potentiels des écrans pour les enfants ?
L’association utilise diverses stratégies de sensibilisation, notamment des campagnes éducatives, des ateliers, des conférences-débats et des ressources en ligne.
En me tournant vers le passé, cela fait bientôt 30 ans que j’ai créé cette association !
Nous avons commencé par réaliser une pétition que nous sommes allés faire signer notamment dans les supermarchés de la ville et alentour jusque Desvres, Lumbres… pour faire comprendre la responsabilité qu’a l’adulte concernant les usages des écrans : l’enfant est un imitateur-né et l’adulte est son principal référent. Nous avons réussi à récolter plus de 21 000 signatures la première année ! Un début prometteur qui nous a encouragé à poursuivre et à communiquer ensuite par la presse et par courrier : encore aujourd’hui, nous envoyons 5 fois par an des communiqués informant les adhérents, les sympathisants, les politiques, les médias, les institutions officielles, les organismes nationaux et internationaux.
Nous sommes également sur le terrain, dans les centres sociaux culturels en nous adressant aux familles mais aussi et surtout dans les écoles, en nous rendant dans les classes afin de sensibiliser directement les enfants et de leur proposer de relever un défi : 10 jours sans écrans !
Reconduit tous les ans et partout en France, les enfants attendent ce défi chaque année avec impatience : ils deviennent alors des ambassadeurs, en parlent aux adultes autour d’eux et réussissent à motiver l’ensemble de la famille. Ils récoltent des points en réalisant chaque jour un comptage précis avec leur enseignant en fonction des pratiques de la veille. Bien sûr, certains doivent tricher mais la plupart sont honnêtes et fiers car nous leur expliquons que ce défi est difficile mais que, s’ils y arrivent, ils auront réussi à se dépasser, à revenir à des fondamentaux (par exemple partager, échanger avec les siens) et à « combattre » leur addiction aux écrans.
Ils en parlent, y réfléchissent beaucoup et cette expérience change généralement ensuite les comportements du quotidien.
Pour vous qui nous lisez, voici le programme qui a été réalisé en 2023, mais toujours valable quel que soit l’année ou le lieu !
Comment concrètement promouvoir des habitudes saines chez les jeunes face aux écrans ?
L’association a lancé ce programme de sensibilisation et d’expérimentation dans les écoles, comme expliqué juste avant (de la maternelle au CM2). Ce défi apprend donc aux enfants les dangers des écrans pour qu’ils puissent ensuite s’en protéger et « devenir plus fort que les écrans ».
Durant de nombreuses années, nous avons réalisé des ateliers, débats et conférences en collaboration avec les villes, les communautés de communes, d’autres associations, les centres sociaux, la Société française de pédiatrie notamment.
Aussi, il y a 3 ans, nous avons autoédité un livre « Super héros, plus forts que les écrans » qui s’adresse aux enfants mais qui peut bien sûr être partagé avec les grands. Clair et pédagogique, nous avons souhaité transmettre en 20 chapitres les clés d’une bonne utilisation des écrans, plus que jamais urgente. Nous avons imaginé un contenu ludique et animé pour aborder de nombreuses problématiques (les écrans dans la chambre, le casque audio pour bébé, la violence des journaux télévisés ou encore l’impact de la téléréalité sur les résultats scolaires) où l’enfant est amené à se poser des questions et à discuter avec les « grands ».
Voici quelques extraits du livre à propos des bébés et des écrans ainsi que sur les réseaux sociaux.
Des conseils pour les parents afin de minimiser les risques liés aux écrans ?
Nous encourageons les parents à :
– établir des limites de temps d’écran : définir des plages horaires spécifiques, en veillant à ce qu’elles soient appropriées à l’âge de l’enfant.
– sélectionner des contenus adaptés : choisir des programmes éducatifs et divertissants adaptés à l’âge, tout en surveillant activement le contenu pour éviter des éléments inappropriés.
– encourager des activités alternatives : favoriser des activités physiques, créatives et sociales pour équilibrer le temps d’écran et promouvoir le développement global de l’enfant.
– regarder ensemble et discuter : regarder les émissions ensemble et discuter des thèmes abordés, encourageant ainsi la compréhension critique et le dialogue.
– créer des espaces sans écrans : définir des zones de la maison sans écran pour favoriser des moments de détente et de connexion en dehors du monde numérique.
– s’informer sur les applications de contrôle parental : utiliser des outils de contrôle parental pour surveiller le contenu et le temps d’écran, adaptés à l’âge et aux besoins spécifiques de l’enfant.
– être un modèle de comportement : montrer l’exemple en adoptant des habitudes saines.
À l’issue du défi « 10 jours sans écrans », il est remis à chaque participant un contrat familial afin qu’il y ait par la suite un choix responsable de chacun face aux écrans. C’est un contrat moral qui amène souvent une discussion constructive dans la famille.
Quels sont les meilleurs souvenirs des enfants sans écran ?
Après le défi, je repasse dans les classes où chaque élève écrit son meilleur souvenir durant ces 10 jours. Les retours sont majoritairement à propos des relations retrouvées avec ceux qu’ils aiment le plus : « j’ai pu parler avec maman », « j’ai préparé des gâteaux avec maman », « j’ai bricolé avec papa », « j’ai pu jouer au foot avec papa », « j’ai pu jouer avec mon frère/ma sœur », « j’ai fait une balade avec ma famille »…
Les parents sont heureux de retrouver leurs enfants et les enfants ne se sentent plus abandonnés avec les écrans.
Adultes comme enfants, tous comprennent mieux les risques liés aux écrans et se rendent compte de leurs comportements et habitudes au quotidien et du bien-être qu’ils en retirent lorsqu’ils les limitent.
Quels sont les nouveaux projets de l'association ?
L’association « Enfance, télé : danger ? » propose chaque année le défi en mars dans toutes les classes qui le souhaitent.
Par ailleurs, le 21 mars prochain, il est prévu que Monsieur Éric Delemar, le Défenseur des enfants, vienne présenter son rapport (dont le sujet est « Le droit des enfants aux loisirs, au sport et à la culture ») aux élèves de Wimereux (ville natale de l’association) lors du prochain défi « sans écrans » qui aura lieu du 14 au 23 mars 2024.
Enfin, et en avant-première car nous n’avons pas encore communiqué à ce jour sur l’événement, 5 papas de la ville, fans de natation en eaux libres, envisagent de traverser la Manche pour une cause qui leur tient à cœur, et notamment pour la cause d’ « Enfance, télé : danger ? ». Nous sommes donc fiers aujourd’hui de vous en parler !
Toutes ces actions permettent de renforcer notre présence, développer des partenariats et de faire connaître nos campagnes de sensibilisation. Également grâce à cet article, nous vous remercions de communiquer à notre sujet à travers Educawa qui transmet de très bons outils pour les familles. Nous avons en effet un objectif commun : offrir des conseils pratiques aux parents et grands-parents en mettant en avant l’importance des connaissances et des pouvoirs qu’ils ont déjà face aux apprentissages des enfants et de favoriser des alternatives éducatives.
Si vous souhaitez contacter la présidente par mail (pour acheter le livre, recevoir le kit du défi sans écrans, obtenir des informations supplémentaires) : contact@enfanceteledanger.fr
Chez Educawa, nous avons également un chapitre sur les écrans, si vous voulez y faire un tour, c’est par ici : Les écrans, amis ou ennemis ?
Par Laure Pichet – 27/12/2023
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